Comme plus de 20.000 internautes, j’ai suivi hier-soir la soirée pour le peuple grec organisée au Théâtre du Châtelet par Médiapart et Reporters sans Frontières., avec le soutien de nombreuses associations et medias. Parmi les moments forts, j’ai retenu cette intervention d’Anne Dimitriadis, porte-parole d’un appel lancé par des écrivains grecs et français, « L’extension du noir« , soulignant le poids grandissant d’Aube dorée, le parti néonazi grec, depuis le début de la crise dans ce pays.
A l’issue de ce tout premier évènement public organisé en France depuis la fermeture sauvage, le 11 juin dernier, du groupe ERT qui rassemble l’ensemble de l’audiovisuel public grec, a été lancé l’appel du Châtelet pour la Grèce***. Un concert a clôturé la soirée, donné par Katerina Fotinaki, compositrice chanteuse et musicienne, accompagnée de Stamos Semsis, premier alto de l’Orchestre national de l’ERT, et d’Orestis Kalabalikis, guitariste. Extrait
Et pendant ce temps, l’ERT continue de diffuser… sur le net…
*** L’Appel du Châtelet pour la Grèce
L’indépendance de l’information, le pluralisme des opinions et la liberté de la culture sont des principes démocratiques élémentaires. Toute atteinte autoritaire à ces droits fondamentaux est un crime contre la démocratie, sa vitalité, sa diversité et sa créativité.
C’est pourquoi toutes les démocraties ont construit des services publics de l’audiovisuel, financés par l’impôt et au service des citoyens. Leur existence doit être une protection contre la soumission de l’information et de la culture aux seules logiques économiques, de profit et de rentabilité.
Quels qu’en soient les arguments, la décision prise, le 11 juin 2013, par le gouvernement grec de fermer, du jour au lendemain, les radios et les télévisions publiques est une violation de ces principes, indigne d’une démocratie. C’est une violation de plus des valeurs politiques constitutives de l’Union européenne.
« Le système de l’audiovisuel public dans les États membres est directement lié aux besoins démocratiques, sociaux et culturels de toute société et au besoin de préserver le pluralisme des médias », proclame ainsi le protocole sur l’audiovisuel public annexé au Traité européen d’Amsterdam de 1997.
En Grèce se joue aujourd’hui l’avenir commun des peuples européens, non seulement celui de nos économies mais surtout celui de nos démocraties. Nous n’acceptons pas que l’Union européenne la transforme en laboratoire de politiques autoritaires faisant fi des libertés au nom des finances : de politiques qui ruinent la démocratie au nom de l’argent, faisant passer les intérêts privés avant le bien public.
Nous appelons nos élus et nos gouvernants à prendre toute la mesure de l’alarme que représente la faute du gouvernement grec. Nos nations et notre continent ne sauveront pas leurs économies dans le recul ou l’abandon de la démocratie. Ce chemin est celui des catastrophes, du chacun pour soi, des haines réveillées et des inégalités accrues.
Solidaires du peuple grec dans l’épreuve qu’il traverse, nous affirmons tous ensemble, dans la diversité de nos sensibilités, que les périls qui menacent l’Europe et ses pays membres ne seront conjurés que par l’approfondissement de la démocratie, par l’extension des droits et le renforcement des libertés.
À Paris, le 18 juin 2013
Signataires : Mediapart, Reporters sans frontières, L’Humanité, Les Inrockuptibles, Marianne, Politis, Regards, Témoignage Chrétien, Attac France, Roosevelt 2012