Déniché ce reportage de Marine Vlahovic sur Arte Radio. Le titre m’a attiré. Le printemps du rap arabe. Sans doute parce que quand je lis printemps, je pense à changement, à révolution, à promesse, à renaissance. Sans doute aussi parce que j’écoute beaucoup IAM et Akhenaton. Samples choisis et travaillés. Paroles poétiques et engagées. Marseille universelle dans mon casque. Du coup, j’ai écouté et même si hélas je ne parle pas arabe, j’ai trouvé que la langue arabe collait bien elle aussi à la radicalité du rap. J’ai découvert un univers peu éloigné en fait de celui qui nourrit depuis longtemps maintenant les papes marseillais du hip hop. Pour prolonger cette découverte, je vous recommande l’écoute d’autres reportages de Marine Vlahovic publiés sur Arte Radio. Entre autres celui ramené de la forêt de Sivens, où Rémi Fraisse fut tué par une grenade offensive lancée par les gendarmes mobiles, à la fin du mois d’octobre.
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Du chichon, des boules et du rap
Marseille. Quartiers sud. Fin de journée.Un parc aux arbres remarquables tout près d’une résidence. Une petite clairière avec sable et gravier. Trois adolescents y jouent aux boules. 15 et 18 ans. Survêts de City et de l’OM. Oreilles diamantées, mobile dans la poche et rap qui sort du mobile. Tranquilles, ils sont. Une pause chichon et un moment de tchatche. Tranquille. Entrer dans le week-end et profiter de la lumière douce du couchant là-bas, en face, sur la rade.
« … Le king de la ville, j’sais pas qui c’est
Mais qui qu’ce soit j’le fais glisser
J’suis en buvette j’fais que pisser
J’suis en fumette les yeux plissés
Moi j’fais du rap sauce épice
Avec moi les mêmes équipiers
Et même ceux qui perdent sont tous équipés
Wallah t’inquiète y’a le couz’ qui paie
Y’a le flouze qui fait, des ravages, dérapages peu contrôles
A ma guise j’aiguise, c’est la merde c’est la crise
Tu pourras voir ma zone roder… »
Dibson
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MusikPlease prend soin de nos oreilles
Le blog des fans d’IAM
*** Créé à la fin des années 80, IAM est composé de Akhenaton (Philippe Fragione), Shurik’n (Geoffroy Mussard), Kheops (Éric Mazel), Imhotep (Pascal Perez) et Kephren (François Mendy).
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La colère d’IAM
Si tu pouvais voir ce qui brûle dans mon thorax
J’ai pas eu l’parcours de pt’its cons dans la hype, non
Adolescent j’étais pas le king de la night, non
On trainait près des bars à pute à deux pas du Pussycat
J’ai embrassé la nuit sur ses lèvres
Et la rue m’a pris par la main
Elle a fait d’moi un putain d’bon élève
Debout jusqu’à la fin
J’ai pris les blocs qui m’entouraient
Au fil de l’épée avec mes mains comme Saladin
Pourquoi confier mes s’crets
Dans le boulot tête claire
Mon imagination j’laisse faire
J’suis c’que l’rap a créé d’plus solide
Tu t’pêtes le dos sur deux pignons d’olives
Y’a pas d’amour ici, cette guerre à plein régime
Régie par les lois du bitume qu’importe les origines
Où le sens de la vie s’est égaré dans la brume
Où les p’tits ne savent pas poser un nom sur un légume
Au coeur du pire ennui j’ai posé ma balise
Élaboré mon plan attendant que Dieu me l’avalise
Depuis dans c’pré où les vassaux me tolèrent
J’écris un peu tous les jours les raisons de ma colère
Que la terre où l’on marche est labourée par des molaires
[Shurik’n]
J’ai toujours le feu depuis l’jour où j’ai croisé sa route
J’ai appris à voir dans le noir et occis tous les doutes
On a voulu m’parquer mais j’ai flairé le piège à loup
Et la passion m’a enlevé et élevé comme une louve
J’ai remonté l’courant jusqu’à ce qu’une autre porte s’ouvre
Il m’fallait un ailleurs là bas ça sentait trop le souffre
Par manque d’envie combien des nôtres croupissent dans les douves
Laisse moi traîner ma plume sur cette route immaculée
Semer les graines les plus dures les mots les plus ciselés
Sans but, isolé, déçu, l’abandon les recrute
Et le vide les attend pour les faire rissoler
J’suis désolé
C’est pas ma faute si les esprits les plus durs
Commencent à vaciller sous l’poids de leur bracelets
Du coup le monde s’arrête là au coin de la rue
Et ça tombe dans l’facile, ça grossit les statistiques
Ça fait des choix douteux aux moments les plus fatidiques
Aucun exemple à l’horizon la place est désertique
Il en faut peu aux affamés pour brûler leurs principes
A force d’entendre qu’on était bons à rien
Beaucoup ont fini par le croire
Quoi ? Pourquoi je serre les dents ?
Mais qu’est ce que tu veux que je fasse d’autre ?
Je veux pas me faire avaler
Y’a une goutte d’avenir à glaner
Laisse moi foncer droit dessus au lieu de rester assis à râler
Trop de barrières, moi je veux les voir les vertes vallées
Si je fatigue c’est le courage qui va me chaler, aller
Maintenant j’ai plus le temps, les aiguilles tournent vite
J’suis personne aucun être sur terre ne me fera taire
Sur ma feuille j’étale toutes les raisons de ma colère
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