Il veille sur le port et pourtant il lui tourne le dos. Missak Manouchian. Le héros de l’Affiche rouge. J’ignore qui a eu l’idée de ne pas le tourner vers la mer. Cette mer qui vit tant et tant d’Arméniens – entre autres – débarquer un jour pour s’installer à Marseille. La statue du militant et résistant communiste trône dans un petit square qui depuis février 2010 surplombe le Vieux et le nouveau port de Marseille, ainsi que les bassins de la Joliette. Son visage est grave, empreint de tristesse, de courage et de fierté. C’est celui qu’il afficha devant les nazis venus l’arrêter, puis le torturer et le fusiller le 21 février 1944, ainsi que 22 de ses camarades des FTP-MOI (francs-tireurs et partisans – main d’oeuvre immigrée). Ce jardin est fréquenté par les oiseaux. Par quelques sans abri aussi parfois. Je le perçois comme un no man’s land entre le port tout en bas et le boulevard Charles Livon et sa circulation. C’est un lieu de mémoire que viennent fleurir chaque année une ribambelle d’élus et de Marseillais d’origine arménienne. Je viens souvent m’y recueillir. Je n’oublie pas ceux qui donnèrent leur vie pour combattre contre la barbarie nazie.
Après avoir salué Missak, je suis descendu vers la mer.
Le clip « L’Affiche Rouge » de KH et les déserteurs, c’est par ici.