Ce matin, je me suis réveillé entouré de petits flocons blancs. Pas un souffle d’air dans les branches et une douceur, dehors comme dedans, qui m’a aussitôt envoyé de l’autre côté du globe, vers ce Mont Fuji qui m’obsède depuis que je l’ai aperçu au printemps à travers le hublot de l’avion qui me ramenait au pays. Il doit être blanc de haut en bas en ce moment, le mont mythique des Japonais. Alors, j’ai pensé à Nobuto Suda, artiste japonais qui vit à Kyoto, adepte comme moi de la mescle, du mélange de musique et des sons de la nature. J’apprécie la couleur à la fois étrange, inquiétante et apaisante que donne à ses morceaux cet artiste, sorte de musicien-field-recorder. Voici son dernier opus, Preoccupying my imagination, qui date de quelques jours.
Le Mont Fuji, je l’ai approché aussi grâce à Francis Royo, poète-blogueur rencontré sur Twitter, auteur d’un magnifique texte publié sous le titre énigmatique : Yui (Tokaïdo – Satta-Mine 16e relais)
« quatre voiles glissent sur la passe de Satta
sous les crêtes
sous les crêtes
depuis Yui
le frisson blanc du Fuji
affleure à bords de rocs
le frisson blanc du Fuji
affleure à bords de rocs
l’abrupt enseigne la prudence
et l’écoute
avant le saut fatal du regard
et l’écoute
avant le saut fatal du regard
l’abrupt avide de nos cœurs
silencieux de tout
silencieux de tout
et de l’oubli du vent
passé
perdu
passé
perdu
le vide est bleu comme la nuit
qui vient
entre les pins »
qui vient
entre les pins »
Francis Royo
Le blog de Nobuto Suda
Le field-recording sur le blog Poptronic’s