J’ai reçu hier un cadeau très touchant de mon ami Jean Bernard. Une petite carte postale sonore envoyée du Portugal. Précisément de l’Algarve, dans le sud de ce pays du bout de l’Europe. La région est très verte avec beaucoup de champs d’orangers et de citronniers. Et puis il y a l’océan, bien sûr. Cet océan raconté par Jean, sur l’une de ces plages aux noms de rêve comme celle de Praia da Falésia.
Obrigado Jean, pour cette carte sonore venue d’un pays où je n’ai encore jamais usé mes semelles et qui m’évoque l’Ode Maritime, l’immense poème de Fernando Pessoa, dédié à la mer – plus de 1.000 vers – et publié en 1914 sous l’hétéronyme* d’Alvaro de Campos. Extrait
« Ah, les paquebots, les charbonniers, les navires à voile,
Se raréfient, pauvre de moi ! les navires à voile sur les mers !
Et moi, qui aime la civilisation moderne, moi qui baise
de l’âme des machines,
Moi l’ingénieur, moi le civilisé, moi élevé à l’étranger,
J’aimerais n’avoir encore sous les yeux que des voiliers
et des bateaux en bois,
Ne connaître d’autre vie maritime que l’antique vie des mers !
Parce que les mers anciennes sont la Distance Absolue,
Le Lointain pur, libéré du poids de l’Actuel …
Et, las ! Comme tout ici me remémore cette vie meilleure,
Ces mers, plus vastes, parce qu’on y naviguait plus lentement,
Ces mers mystérieuses parce que moins connues … »
Se raréfient, pauvre de moi ! les navires à voile sur les mers !
Et moi, qui aime la civilisation moderne, moi qui baise
de l’âme des machines,
Moi l’ingénieur, moi le civilisé, moi élevé à l’étranger,
J’aimerais n’avoir encore sous les yeux que des voiliers
et des bateaux en bois,
Ne connaître d’autre vie maritime que l’antique vie des mers !
Parce que les mers anciennes sont la Distance Absolue,
Le Lointain pur, libéré du poids de l’Actuel …
Et, las ! Comme tout ici me remémore cette vie meilleure,
Ces mers, plus vastes, parce qu’on y naviguait plus lentement,
Ces mers mystérieuses parce que moins connues … »
Fernando Pessoa ( 1888 – 1935 )
* Pessoa, le théâtre des hétéronymes