Regarde Cassius Clay traverser l’écran de télé. Tremblant de tout son corps. Titubant. Soutenu par ses proches. Ces images me fendent le cœur. Me rappelle sa grâce et sa puissance sur le ring. Sa légèreté de colosse. Son goût pour la provocation. La précision aérienne de son art qui le fit champion olympique des lourds à 18ans. C’était aux J.O. de Rome en 1960. N’oublie pas qu’il refusa d’aller combattre au Vietnam et devint objecteur de conscience. Il en paya le prix près de quatre longues années durant. Privé de boxe il fut. Me souviens aussi qu’il fut l’une des grandes voix contre la ségrégation raciale dans son pays et pour l’émancipation des Noirs dans le monde. 20 ans que Cassius Marcellus Clay Jr. – devenu Mohammed Ali en 1964 – souffre de la maladie de Parkinson. Pour l’accompagner sur ce chemin de souffrance, j’ai mixé San Catri, titre de Popa Chubby à l’ambiance du légendaire combat Mohammed Ali – George Foreman à Kinshasa le 30 octobre 1974.
Author Archives: Eric Schulthess
Cheminer à pas lents aux côtés de Rixile
Plus donné signe de vie depuis notre VaseCommunicant du début du mois, Rixile. N’étais pas inquiet. Me disais qu’elle avait sans doute plein de partitions à déchiffrer, à vivre et à jouer, la pianiste maîtresse de choeur. Et puis hier, ce très beau texte sur son blog. C’était un lent. Poème mélancolique. Un voyage en forme de rêve paisible où pointent quelques reflets d’un océan chagrin. La lenteur. Prendre le temps de s’échapper un peu du tourbillon. Tenter de. Savourer l’instant fugace. Plaisir de réciter ce lent survenu par surprise, en y mêlant Chopin. Choisi par elle sur Rixilement.
Nocturne en do dièse mineur (posthume).
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Gare Saint-Charles, dehors
Dans la lumière dorée du soir, monter les marches de la Gare Saint-Charles. En bas, la ville agitée. Au-dessus, avions et gabians. À l’horizon, le couchant flamboyant.
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Promener sur le sentier de pluie
Marché deux bonnes heures en pleine campagne sous la pluie. Sentier jonché de feuilles. Flaques. Boue. Châtaigners et pins. Quelques petites bambouseraies. Quelques troncs d’arbres assassinés. Longé des fossés gorgés d’eau et un séchoir à tabac abandonné. Un peu de houx, nombre de bourgeons d’hiver et d’oiseaux frigorifiés. Comment font-ils tous ceux qui n’ont pas de toit ?
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Cuba, Estados Unidos, Si !
Enfin une heureuse nouvelle ! Les Etats-Unis et Cuba vont reprendre des relations diplomatiques. Après plus d’un demi-siècle de gel et de scandaleux embargo, Barack Obama et Raul Castro l’ont annoncé ce mercredi. C’est historique. C’est réjouissant. Du coup, pour fêter l’évènement, voici une petite mescle musicale. Par ordre d’apparition, Victor Jara, Jimi Hendrix, Buana Vista Social Club et Bruce Springsteen. Pour prolonger, lire l’article de Thomas Cantaloube sur Mediapart : Cuba, Barack Obama fait le choix du pragmatisme. Pour celles et ceux qui aiment la langue espagnole, lire l’édito du quotidien El Pais : Une nueva era.
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Extinction de voies
Se poser. Urgent. Débrancher. Impératif. Écouter la pluie tomber et imaginer le lointain. S’évader au-delà des frontières de ce monde barbare. Sale. Ignoble. Ravaler les adjectifs souillés par tant et tant de salauds. Trop eu envie de crier ces dernières heures. Tueries. Enfants anéantis. Misère galopante. Planète méprisée. Regards détournés au passage de la différence. Égoïsmes à la pelle. Zemmourisation des ondes. Perdu la voix à force de hurler dans ma tête, fracassé par ce spectacle désespérant. Extinction de voies, me semble-t-il. Je deviens défaitiste. Ceci aussi me donne envie de crier. De dégoupiller. D’ouvrir le feu. Extinction de voies. Jusqu’à quand ? Continuer de patienter en écoutant Anoice, le groupe instrumental japonais. Et puis se remémorer Le cri, le chef d’oeuvre d’Edvard Munch. Relire ce que le peintre norvégien écrivait à propos de son tableau : « J’étais en train de marcher le long de la route avec deux amis – le soleil se couchait – soudain le ciel devint rouge sang – j’ai fait une pause, me sentant épuisé, et me suis appuyé contre la grille – il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir et de la ville – mes amis ont continué à marcher, et je suis resté là tremblant d’anxiété – et j’ai entendu un cri infini déchirer la Nature. » Réécouter Anoice.
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Ce serait … un amour
Faire sonner les mots devant un tableau* ou une photographie est un plaisir d’écriture que Brigitte Célérier ne se refuse pas. J’avoue ne jamais hésiter à m’offrir celui de me camper à ses côtés devant l’écran et de l’écouter mêler avec grâce chair brûlante des émotions, parfum vivace des souvenirs et regard fin porté sur l’image. Car Brigitte Célérier parle, conte, évoque, invite au voyage dans chacun des textes de sa série Ce serait publiée sur le superbe site de Jan Doets Les Cosaques des Frontières – refuge pour les dépaysés. Pour prolonger cette découverte, une visite s’impose à Paumée, le blog que Brigitte tient assidument. Elle y conjugue avec subtilité et humour récits de vie quotidienne, critiques de spectacle – théâtre, opéra, concerts – et photographies. Paumée, ou la chronique d’une dame d’Avignon cultivée. Conteuse dans l’âme.
Brigitte Célérier est aussi sur Twitter @brigetoun
* L’Homme au gant devant lequel retourne Brigitte Célérier dans Ce serait … un amour, est une huile sur toile de Le Titien (1488 – 1576), portraitiste de l’école vénitienne, qui qualifiait ses peintures de poèmes. Le tableau – daté de 1521 – est conservé au Musée du Louvre.
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Au cimetière du Père Lachaise
Jamais venu ici auparavant. Quelquefois promené non-loin du Mur des Fédérés aux côtés de mon père. Me racontait la Commune de Paris, Gavroche, ce salopard de Thiers, mais jamais entré dans cette ville dans la ville. 70.000 tombes à ce qu’il paraît. Un labirynthe. Un enchevêtrement d’allées pavées. Un foisonnement de tombes, de tombeaux, de stèles, de plaques. Peu de fleurs. Des oiseaux. Beaucoup de mousse. Nombre de sépultures en ruine. Une impression d’abandon. Suis allé écouter ce cimetière géant, saluer les Communards, les communistes, les déportés assassinés, Jean Baptiste Poquelin dit Molière et Jean de La Fontaine, Frédéric Chopin et Guillaume Apollinaire, Paul Éluard et Alain Bashung, Michel Petrucciani et Pierre Desproges. Aurais bien fait un clin d’oeil à Amadeo Modigliani mais le crépuscule m’a poussé vers la sortie.
Le Mur des Fédérés. Cherché les traces de balles. Imaginé le carnage.
Jean-Baptiste Clément. Fredonné sa chanson.
Jacques Duclos roulait les R.
Paul Éluard né Eugène Émile Paul Grindel
Buchenwald. M’y rendis dans ma jeunesse. Impérissable souvenir.
Molière l’immense impertinent.
Apollinaire. M’accompagne depuis l’adolescence.
Chopin. Pas un jour sans l’écouter.
Bashung. Déchirant écorché.
Petrucciani. Virevoltant.
Desproges désarmant.
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Un plongeon géant chez Katsushika Hokusai, peintre éternel
Plus de deux heures trente d’attente pour toucher des yeux une merveille absolue, l’exposition Hokusai, l’immense peintre japonais. Magie, délicatesse, sensualité, universalité. Les mots manquent pour décrire ce que j’ai ressenti en approchant les oeuvres de celui qui rêvait de vivre jusqu’à 110 ans pour prolonger sa folie du dessin. En tout, plus de 500 pièces exceptionnelles sont exposées au Grand Palais à Paris. Une grande partie de ces oeuvres n’ont encore jamais été présentées hors du Japon. J’ai été saisi d’une douce émotion face aux estampes d’oiseaux, de fleurs, de femmes, et celles de la série Les 36 vues du Mont Fuji, entre autres devant les myhiques Sous la grande vague au large de la côte à Kanagawa et Vent du sud Ciel clair. Ai trouvé sublime la série Voyage au fil des Cascades des différentes provinces. Découvrir en vrai Katsushika Hokusai est un voyage vers le Japon éternel et universel qui incite au recueillement et au chuchotement.
Hokusai chroniqueur de son époque. Hokusai maître du manga. Hokusai amoureux des oiseaux. Hokusai adorateur du Mont Fuji et de la mer. Hokusai dessinateur hors normes. Hokusai quitté à regret lorsque s’est rapprochée l’heure de reprendre le train vers le sud… Peut-être tenterai-je un nouveau plongeon dans son monde merveilleux d’ici au 18 janvier, date de clôture de l’exposition.
Dispute d’enfants chinois autour d’une partie de go
1787-1793
Sifflet de la cerise d’hiver
1801-1804
Dragon volant au dessus du mont Fuji 1849
Pour prolonger le plaisir, Hokusai se visite aussi sur Arte.
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Les oiseaux du stade au crépuscule
Au crépuscule, accompagné Marius à son entraînement de foot. Quelques oiseaux aux premières loges du stade bordé de grands arbres et de quelques rues, avec le trafic routier en bruit de fond.
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