*La Libertat. Lo Cor de la Plana
J’adore la version Lo Cor de la Plana de La Libertat, chanson marseillaise qui date de 1876. Elle évoque la Commune de Marseille, l’insurrection populaire que connut la plus vieille cité de France du 23 mars au 4 avril 1871. Lo Cor de la Plana est un groupe de polyphonistes marseillais né dans le quartier de La Plaine et qui chante en occitan.
* Chaconne. Johann Sebastian Bach.
L’écouter en pensant à Philippe Lançon, grièvement blessé le 7 janvier dernier lors de l’attentat contre Charlie Hebdo.
Grand merci à Dominique Hasselmann et Zoé Lucider de m’avoir mis sur le chemin de cette merveille, interprétée ici par le violoniste letton Gidon Kremer.
* Arthur Rubinstein joue Chopin.
Comme un enfant paisible en majesté, Rubinstein me bouleverse.
M’époustoufle.
Là, sur son Steinway, c’est le Concerto N°2 en fa mineur de Chopin qu’il joue.
* Jimi Hendrix. Little Wing.
Little Wing. 1967.
Missing Jimi.
Ce soir, comme souvent, l’écoute en boucle.
Les yeux fermés.
« Well she’s walking through the clouds
With a circus mind that’s running round
Butterflies and zebras and moonbeams and fairy tales
That’s all she ever thinks about riding with the wind.
When I’m sad, she comes to me with a thousand smiles, she gives to me free
It’s alright she says it’s alright, take anything you want from me, anything….
Fly on little wing, Yeah yeah, yeah, little wing »
* Les Voix humaines. Marin Marais.
Jordi Savall.
Laisser sa viole de gambe emplir l’espace gris de ce dimanche matin.
Sourire au feu toujours vivace.
Chaleur, or dans les yeux, étincelles.
* Il voyage en solitaire. Alain Bashung
Bouleversant.
Alain Bashung dans les pas de Gérard Manset.
Immense chemin de blues et de plénitude.
Cette voix si douloureuse et si délicate.
Cette guitare qui grince.
Ce poème éblouissant.
* Is This Love. Bob Marley
Bob Marley.
70 ans aujourd’hui.
Un sourire d’ange.
Souffle vibrant d’humanité.
Résister. Aimer. Y croire. Toujours.
* Gute Nacht. Franz Schubert
Le crépuscule m’a conduit vers le souvenir de ce morceau déchirant.
Extrait des Winterreise du compositeur autrichien.
Mourut à 31 ans dans la misère et la maladie.
« … Nun ist die Welt so trübe, … Aujourd’hui le monde est si gris,
Der Weg gehüllt in Schnee … » Le chemin recouvert de neige…
* Crystalline. Björk
Une mescle comme je les aime.
Rythmée, bourrée d’énergie.
La diva islandaise remixe le Syrien Omar Souleyman sur l’album Bastards.
Donne envie de danser au-dessus de la saloperie du monde.
* U lamentu di Maria. A Filetta
Prendre de la hauteur.
Les yeux fermés.
Rejoindre l’Île.
Se recueillir.
Se plonger dans ses voix sublimes issues de Balagne.
Prier et réclamer la paix aux hommes.
*#JesuisCharlie. Grand Corps Malade
Lucette, ma Maman, adorait Grand Corps Malade.
Elle écoutait et réécoutait ses slams.
Elle les récitait
Elle aurait appris celui-ci, mis en musique par John Mamann.
Par cœur.
#LucetteEstCharlie
*January. Anouar Brahem
Pour ceux qui croient au ciel comme pour ceux qui n’y croient pas.
* Beyrouth. Ibrahim Maalouf
En boucle dans mon casque depuis plus d’une heure.
C’était au Festival Jazz des Cinq Continents à Marseille.
Cinq continents.
La musique d’Ibrahim Maalouf est aussi Charlie.
* Soledad. Concha Buika
Une diva.
Pour se glisser en douceur vers le jour qui vient.
Somptueuse Majorquine au sang africain.
Reine du mélange des mélodies et des tempo.
Concha porte tatoués sur sa peau les noms tribaux de ses proches.
Jamais seuls sommes quand la peau parle ainsi.
* Szechuan. Fatima Al Qadiri
Mantra tombée d’Asie.
Mescle légère et profonde de rythmes et de sons issus de l’autre bout de la terre.
Délicieuse plongée dans les palais d’Orient.
Inouï voyage musical de bon matin.
Extrait de l’album Asiatisch signé d’une princesse musicienne qui est aussi photographe et journaliste.
* Are you sure. David Lynch
Une découverte belle.
L’ignorais musicien.
Élégante et fragile chanson.
Emporterais cette musique troublante et mélancolique sur une île déserte.
J’en suis sûr.
* Mama says. Ibeyi
Là, c’est Maman qui ne reviendra pas.
Ne m’y habitue pas.
Las.
D’où elle vogue, douceur et mélancolie pour elle avec Lisa-Kaindé et Naomi Diaz, les jumelles franco-cubaines.
* Suite pour violoncelle seul N°1 en sol majeur BWV 1007. Jean-Sébastien Bach
Retour à Bach lorsqu’affleure le chagrin.
S’immerger dans ses suites pour violoncelle seul.
Mstislav Rostropovich au jeu divin.
* Water me. FKA Twigs
Marché sous le vent au bord de la mer hier.
Foncée elle était.
Embruns frais.
Ai eu envie de me baigner.
Ai désiré que la mer me submerge.
Comme dans cette chanson de la sublime FKA Twigs.
* J’ai pas les mots. Grand Corps Malade.
Dans le bureau de ma Maman.
Crayons. Papier et couleurs. Dictionnaires.
N’écrira plus.
Plus jamais.
Les mots manquent.
Grand Corps Malade, Maman l’adorait.
L’écoutait avec ferveur.
Aurait aimé apprendre ses poèmes par cœur.
* Cuba Habana. Buana Vista Social Club.
Cuba et les Etats-Unis vont donc se parler à nouveau.
Renouer des relations diplomatiques.
J’avais 3 ans lorsque Washington a décidé de les rompre et d’imposer un ignoble embargo à la population cubaine.
Alors aujourd’hui, je me réjouis de cet historique pas de deux.
J’espère la levée proche de l’embargo.
Tout comme j’espère que souffle au plus vite un vent de liberté au pays de Fidel Castro.
Et j’attends impatiemment une visite de Barack Obama à Cuba Habana.
* L’apiculteur. Alain Bashung.
Pour tant d’âmes blessées, s’approche l’heure des achèvements.
Du bout du bout.
En ai croisé tant et tant, à l’arrêt sur les quais des gares.
Les ai frôlés, immobiles sous les cieux rougeoyants du couchant.
À chacune de ses notes, l’apiculteur d’Alain Bashung me déchire le coeur.
* Les Marquises. Jacques Brel.
Sous l’intitulé « Choses dont nous pourrions jouir », le numéro 19 de la revue digitale La Nuit propose une envolée vers ces îles où Paul Gauguin et Jacques Brel choisirent de se retirer.
« Il n’y a rien après les Marquises, et c’est pourquoi ils y sont venus, et ils y sont restés. »
Le bout du monde au sens propre.
L’ultime voyage avant l’autre monde.
* Quelques variations Goldberg. Jean-Sébastien Bach.
Glenn Gould au piano. Magique.
Je l’entends chantonner. C’est fascinant de jouer Bach en chantonnant. Osé.
Je pense à Anna Jouy. À la puissance et à la grâce de sa poésie.
J’ose croire qu’elle écoute Gould elle aussi en écrivant. Je ne sais pas si elle chantonne.
* Just clim the wall. Ai Weiwei.
Chanson issue de son album The divine comedy.
Privé de passeport par les autorités de son pays, l’artiste chinois se retrouve au quotidien face à un mur à escalader.
Il résiste avec des fleurs déposées sur une bicyclette garée devant chez lui à Pékin et avec des expos à l’étranger
Elles se tiennent sans sa présence.
Pas un jour sans penser à lui et sans rêver de sa libération.
*Sleep like a baby tonight. U2
L’un des 11 titres de Songs of innocence, le tout dernier album du groupe irlandais.
L’ultime musique partagée avec ma Maman.
– C’est joli, apaisant, m’a-t-elle chuchoté du bout de ses lèvres lasses.
Ensuite, elle s’est endormie.
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